L’Église Orthodoxe en France aujourd’hui
L’Église Orthodoxe en France, s’est structurée à partir des différentes vagues d’émigration, provenant de pays majoritairement orthodoxes.
Ce sont principalement l’émigration russe dans les années 1920, et grecque après 1922, qui ont entraîné un afflux de fidèles nécessitant la création de paroisses et de diocèses.
Alors qu’à la fin du XIXe siècle, on estimait à 20 000 le nombre d’orthodoxes en France, ce nombre, en 1990, était évalué à 200 000.
Aujourd’hui, suite aux récents apports d’une immigration diversifiée, la France compterait environ 700.000 baptisés orthodoxes. Ces nouveaux fidèles viennent de l’ancienne Union soviétique, de Roumanie, des pays issus de l’ancienne Yougoslavie et du Moyen-Orient. A ces fidèles d’origine étrangère s’en ajoute un nombre croissant d’origine française, ayant découvert la foi dans l’Église orthodoxe.
Le nombre de communautés utilisant le français dans la liturgie et la catéchèse est en croissance continue. C’est en 1927 à Paris, que fut créée la première paroisse de langue française : la paroisse de la Transfiguration et de Sainte Geneviève, confiée au père Lev Gillet. D’autres communautés suivirent, très minoritaires pendant longtemps. Depuis les années 1970, de nouvelles paroisses francophones ont vu le jour, non seulement à Paris, mais sur l’ensemble du territoire. Elles sont devenues majoritaires aujourd’hui, répondant aux besoins pastoraux de fidèles français, mais aussi des enfants et petits-enfants d’immigrés, de plus en plus intégrés à la société française.
On compte en France environ 250 paroisses, une bonne vingtaine de communautés monastiques, deux écoles de théologie, des organisations comme la Fraternité Orthodoxe et de nombreux mouvements de jeunesse.
Les prêtres et les diacres, au nombre d’environ 350, sont en majorité mariés et exercent le plus souvent une activité professionnelle.
Pour des raisons historiques, les paroisses se regroupent en diocèses, constitués à l’origine selon des critères ethniques et dépendant de patriarcats situés en Europe Orientale ou au Moyen-Orient.
Pour institutionnaliser les relations des diocèses ayant juridiction en France, un Comité Interépiscopal orthodoxe fut créé en 1967, dont l’une des missions était de permettre aux juridictions canoniques d’adopter des positions communes dans les relations œcuméniques.
En 1997, lui a succédé l’Assemblée des Évêques Orthodoxes de France (A.E.O.F), instance de concertation entre évêques. Pour les problèmes communs, elle assume le rôle de porte-parole de l’épiscopat orthodoxe en France.
Chaque laïc orthodoxe, s’il veut être authentiquement orthodoxe, est censé être rattaché à l’une des paroisses ou communautés dépendant de l’un des membres de « l’Assemblée des Évêques Orthodoxes de France », eux-mêmes membres du synode de leur patriarcat respectif.
On doit signaler qu’existe en France une marge non canonique comportant des groupes plus ou moins importants, ne dépendant aucunement d’un patriarcat orthodoxe.
A ce sujet, l’Assemblée des Évêques Orthodoxes de France met en garde contre l’utilisation abusive du nom d’Eglise Orthodoxe : « L’ecclésiologie orthodoxe est une ecclésiologie de communion qui se manifeste dans l’unité de la foi et du calice, attestée par la succession apostolique et la conciliarité des évêques. Concernant la France, les Églises orthodoxes canoniques sont représentées par tous les évêques qui sont membres de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France. Elle seule est habilitée à manifester l’unité et la canonicité de l’Église orthodoxe dans ce pays. En conséquence, toute personne se prétendant « évêque orthodoxe » sans être en communion avec ladite Assemblée ne peut se prévaloir d’un statut canonique orthodoxe en France. L’Assemblée des évêques orthodoxes en France tient doncmettre en garde les personnes dont la bonne foi pourrait ainsi se trouver surprise et déclare que la responsabilité de l’Église orthodoxe en France ne saurait être aucunement engagée par les activités ou les déclarations de toute personne ou de tout groupe n’étant pas en communion avec elle ».
C’est seulement par son appartenance à une communauté sous la juridiction d’un évêque canonique que le fidèle participe à la plénitude de l’enseignement et de la vie de l’Église. Comme le dit l’archimandrite Placide Deseille, l’Église « demeure une, représentée par toutes les Églises locales, qui demeurent en communion entre elles et avec les grands patriarcats et centres de communion ecclésiastiques restés fidèles à la foi orthodoxe. C’est pourquoi nous devons tenir à cette communion ecclésiastique comme à la prunelle de nos yeux, nous devons avoir la passion de cette unité dans l’Église ».