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Le mal

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19 ème catéchèse le 11 Septembre 2022

L’homme contemporain, même s’il est chrétien, est généralement surpris d’apprendre que le service baptismal commence par des paroles adressées au diable.

Car le diable est absent de la conception moderne de la foi chrétienne; pour l’homme d’aujourd’hui, tout cela appartient à la panoplie de la superstition médiévale et relève d’une vision simpliste de la vie.

C’est pour cette raison que, de nos jours, nombreux sont ceux qui pensent qu’il faudrait renoncer aux rituels d’exorcismes considérés comme désuets et folkloriques et qu’il faudrait «démythologiser» tout ce qui fait référence à cette question.

L’Église primitive n’a jamais formulé un enseignement systématique sur cette question; les pères de l’Église évoquent le sujet dans leurs écrits mais n’y insistent pas de façon exagérée.

Pourquoi n’y a t-il jamais eu de doctrine définie? Parce qu’il est difficile, voire impossible, de définir rationnellement ce qui, par essence, est irrationnel, et la question du mal touche à quelque chose qui est irrationnel.

«Pourquoi avoir permis en ce monde l’action des hommes méchants, des démons et des diables? Et St Jean Chrysostome répond: «Si tu cherches pourquoi ces choses se sont produites, si tu ne t’en remets pas aux raisons profondes et inexplicables de Ses plans, mais si tu ne songes qu’à poser des questions indiscrètes, allant toujours de l’avant, tu continueras à t’interroger sur bien d’autres points, par exemples: pourquoi le champ libre a-t-il été laissé aux hérésies, pourquoi le diable, pourquoi les démons, pourquoi les hommes méchants qui en font trébucher un grand nombre et, le plus grave de tout, pourquoi l’Antéchrist est-il appelé à paraître, ayant une telle puissance à tromper, que ses actes, au dire du Christ, seront capable d’égarer, s’il était possible , les élus eux-mêmes? Eh bien, il ne faut pas chercher tout cela, mais s’en remettre à l’incompréhensibilité de la Sagesse de Dieu.» (St Jn Chrysostome «traité sur la Providence»)

Certains philosophes et même des théologiens ont défini le mal comme étant une ABSENCE, l’absence du bien; ils ont comparé le mal aux ténèbres car les ténèbres étant l‘absence de lumière, il suffit qu’il y ait de la lumière pour que les ténèbres disparaissent!

Ainsi, on considère que l’instruction serait la lumière et le mal l’ignorance; il suffirait donc d’instruire sérieusement le monde pour que l’ignorance, et donc le mal, s’estompe et tout s’arrangerait!

Mais, on le constate chaque jour dans les nombreux faits divers de la presse, des personnes très cultivées et très intelligentes peuvent vivre dans le mal et faire le mal.

Ainsi, la haine n’est pas simplement une absence d’amour, la cruauté une absence de douceur ou la méchanceté une absence de gentillesse! Tous ces comportements sont des comportements ACTIFS, CRÉATIFS souvent, intelligents, qui ne sont donc pas le résultat de l’ignorance et il ne peut y avoir de haine sans haïsseur, de cruauté sans tortionnaire, ni de méchanceté sans méchant; certains de ceux qui ont connu le Christ, qui ont vu Sa douceur, qui lui ont parlé, l’ont fréquenté, l’ont ensuite haï et détesté profondément sans raison justifiable.

LE MAL N’EST DONC PAS UNE SIMPLE ABSENCE DE BIEN et il est, tout au contraire, une PRÉSENCE, la présence de quelque chose de sombre et dont l’origine paraît mystérieuse, difficile à comprendre.

Ainsi l’Église sait que le «mal» est une puissance qui s’exerce en chacun de nous, au fond de nous, jusqu’à prendre littéralement possession de nous et influencer notre pensée, nos paroles et nos actes.

Dès lors que l’on veut améliorer notre vie intérieure, le Mal est là et si le mystère du Bien est une personne, le Dieu trinitaire, le mystère ultime du mal est personnifié, ce n’est pas une abstraction!

Qui sont donc ces personnes qui agissent contre le bien et veulent résolument nous détourner de lui?

L’Église ne donne pas de réponse précise car plus la réalité est profonde, moins l’Église s’autorise à donner des réponses toutes faites si ce n’est par des images, des métaphores qui laissent entendre qu’à l’origine, dans le monde spirituel créé par Dieu (les sphères angéliques), il y aurait eu une «rébellion» conduite par des anges, une manifestation d’orgueil contre la volonté du Créateur c’est-à-dire la création de l’homme depuis le limon de la terre pour faire l’homme plus grand que tous les mondes angéliques.

On voit bien là encore que l’origine du mal n’est pas dans l’ignorance ou l’imperfection mais dans un degré de perfection de l’intelligence qui rend possible la tentation de l’orgueil.

Ainsi, le démon qui, au début, était un ange de Dieu, plus précisément un Chérubin, une des plus hautes hiérarchies angéliques, la plus proche de Dieu après les Séraphins; il est donc une des toutes premières et des plus parfaites créatures de Dieu: il est intelligent pour résister à l’amour de Dieu et choisit d’être contre Lui et de vivre sans Lui.

Et comme cette liberté ne veut pas s’accomplir dans l’amour et la lumière qui toujours conduisent vers Dieu, elle s’accomplit dans la négation, la haine et la révolte; mais cette réalité du mal qui est apparue dans les mondes angéliques n’a été ni créée, ni voulue par Dieu.

Lorsque nous voyons le mal en nous-même, avant de le voir chez les autres, nous voyons bien que toutes les explications rationnelles pour l’expliquer ne le change pas et la seule solution est de l’affronter et de le combattre.

C’est ainsi que Dieu a agi avec le mal: Il a envoyé son Fils unique pour qu’Il soit crucifié par toutes les forces du mal afin de les détruire par Son amour: c’est le grand mystère de la Croix avec la puissance de la résurrection, conséquence de l’amour, détruisant la mort et sa puissance.

Telle est la voie que nous devons suivre, celle de notre résurrection: «Qui ne prend pas sa croix et vient à Ma suite, n’est pas digne de Moi» (Mt 10, 38).

Sur cette voie, inévitablement, nous rencontrons le diable, au moment même où nous prenons la décision de suivre le Christ.

Dans le sacrement de baptême, qui est un acte de libération de la puissance satanique, les exorcismes viennent en premier parce que sur notre chemin de la triple immersion baptismale, nous nous heurtons, inévitablement à cette entité sombre et puissante qui veut nous barrer la route mais qui doit être écartée et chassée pour que nous puissions suivre le Christ, c’est là tout le sens des exorcismes.

L’Église sait qu’un combat entre la vie et la mort éternelle s’engage au moment du sacrement de baptême lequel deviendra le combat spirituel (avec le Christ) de toute notre vie.

Le Démon ne peut rien contre le Christ car Lui7 est déjà vainqueur du démon mais le Démon peut toujours contre nous, si nous n’y prenons pas garde et les exorcismes sont ainsi le début du combat, dimension première et essentielle de toute la vie chrétienne. Les invocations faites par le prêtre au Nom du Christ, au moment des exorcismes, sont les manifestations de la puissance de Dieu qui dissout la puissance mauvaise du monde satanique sans le détruire lui-même.

Après un exorcisme, l’homme redevient un être capable d’une véritable liberté, liberté de recevoir à nouveau la vraie vie qui vient de Dieu et mène à Lui: c’est là, tout le sens du sacrement de baptême.