20ème catéchèse le 16/10/2022
Troisième élément du Symbole de notre foi: « Qui pour nous, hommes et pour notre salut, est descendu des Cieux, S’est incarné du Saint-Esprit et de Marie, la Vierge, et S’est fait homme».
Qui pour nous, hommes. De quels hommes s’agit-il sinon de tous les hommes car le Fils de Dieu n’est pas venu pour un peuple, une religion mais pour le salut de tous les hommes.
Et pour notre salut. Le salut est la communion de Dieu avec chaque homme et le péché en est donc l’opposé; le péché est l’éloignement de l’homme de Celui qui l’a créé et il est de la responsabilité unique de l’homme.
La mort physique est la conséquence de cet éloignement de Dieu et Paul le dit très clairement: «par un seul homme, le péché est entré dans le monde et par le péché la mort.» (Rm 5, 12).
Le péché n’a pas un caractère immédiatement moral, il est avant tout un manquement, une erreur, («pessah» en hébreu signifie «manquer la cible»).
Voici la définition qu’en donne St Jean Damascène: «le péché est la dérogation volontaire de ce qui est cohérent selon la nature vers ce qui est contre-nature»; et St Théophylacte ajoute:« c’est la dérogation du but fixé pour l’homme selon sa nature».
D’où provient le péché?
Le péché est entré dans l’homme sous l’influence du diable (celui qui divise) car «celui qui pèche est du diable (…) et le Fils de Dieu est venu pour détruire les œuvres du diable» (1Jn 3, 4).
Le diable a poussé Eve à transgresser le commandement de Dieu «car le jour où tu mangeras du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, dit le Seigneur, assurément tu mourras» (Gn 2, 16- 17).
Qu’est-ce que l’arbre de la connaissance du bien et du mal?
Selon St Philarète de Moscou, l’arbre de la connaissance du bien et du mal se rapporte à une action: à l’action qu’il pouvait susciter dans l’homme, le bien s’il ne le touchait pas, le mal s’il le touchait car Dieu est, en réalité, à l’origine de toute connaissance véritable et la source d’où notre esprit puise la vie; c’est toute la question de la liberté, de notre liberté qui est ainsi posée.
Comme pour l’obéissance, retenons qu’il n’y a pas de liberté sans amour et il y a toujours un choix dans la liberté sinon il n’y aurait pas de liberté!
C’est pour cela que tout choix révèle notre coeur et en désobéissant, plus, en ne faisant plus confiance à Dieu, Adam et Eve Lui montrent leur éloignement qui vient, avant tout acte, des profondeurs de leur coeur. Leur liberté s’est donc détournée de l’amour de Dieu et est donc allée vers le mal.
Derrière cette désobéissance initiale de l’homme se révélait ainsi le fait que l’homme n’avait pas envie d’accomplir le dessein divin car Dieu seul, dans notre coeur, par l’action du S.E. peut nous révéler ce qui est bien et ce qui est mal et l’homme, de lui-même, sans Dieu, ne peut pas distinguer le bien du mal car «vos pensées ne sont pas Mes pensées et Mes voies ne sont pas vos voies» (Is 55, 8- 9) «car les voies du Seigneur sont droites» (Os 14, 10).
Alors que les voies du diable sont la voie de la corruption, du mal, des ténèbres car «la voie large et spacieuse conduit à la perdition et nombreux sont ceux qui y passent, mais la porte est étroite et resserrée la voie qui conduit à la vie et il en est peu qui la trouvent!» (Mt 7, 13- 14).
Ainsi, l’homme, à travers sa propre volonté influencée par celle du démon, cherche à satisfaire ses propres désirs de manière purement égocentriques et ainsi jouir des autres et du monde pour lui-même ce qui aboutira à toutes sortes de comportements tels que le vol, l’exploitation de l’homme par l’homme et du monde créé, le vol, la cupidité, la jouissance sous toutes ses formes telle que le pouvoir, l’argent, les sensualités sous toutes leur formes, etc…Ce désir, cette prétention de dominer le monde et les autres pour assouvir nos besoins sans limite, finit par faire de l’homme un dieu sans Dieu, par lui-même et dans une totale illusion de son existence.
Le repentir de cet acte d’Adam et Ève était-il possible?
Oui, bien sûr mais ils auraient dû reconnaître leur acte et s’en repentir au lieu de s’en justifier car Eve accuse le diable et Adam va même jusqu’à rendre Dieu coupable de cette situation «à cause de cette femme que Tu m’as donnée» (Gn 11, 13), profonde mauvaise foi!
Quelle conséquence a eu le péché d’Adam sur l’humanité?
Le péché entrainant un éloignement spirituel d’avec avec Dieu, a provoqué une rupture psycho-physique dans la structure de l’homme c’est-à-dire la mort et la malédiction (l’éloignement de l’homme de Dieu).
Le péché est ainsi un acte d’auto-destruction: ce n’est pas Dieu qui «punit» l’homme mais l’homme qui s’éloigne de Dieu et ce choix erroné, contre-nature, aura pour conséquence une existence sans Dieu, «déficiente».
Ce changement anthropologique dans la nature de l’homme va induire un changement dans toutes ses relations, à savoir:
1- entre Dieu et l’homme.
«Par le péché, l’homme a arrêté un afflux de la grâce divine en lui-même» dira encore St Philarète de Moscou et la grâce qui était au fond de son coeur lui devient externe: ainsi, il ne ressentira plus l’amour et la joie de la présence de Dieu en lui mais la peur (Gn 3, 10), il ne peut plus voir Dieu face à face (Ex 33, 20) et son hostilité grandit contre Lui (Rm 5, 10) et sous l’influence du diable, les hommes deviendront «fils de la rébellion» (Ep 5, 6).
2- entre le monde créé et l’homme.
Avant la chute de l’homme, son esprit était tourné vers Dieu, son âme se nourrissait de son esprit et son corps était obéissant à son âme; désormais, à cause du péché, son esprit est devenu comme un miroir renversé et, au lieu de «réfléchir» Dieu et que l’âme se nourrisse de Ses énergies incréées, l’esprit s’est mis à puiser dans les forces de l’âme et, à cause de cela, l’homme ne distingue plus le bien (la vie) du mal (la mort).
L’âme, troublée par l’esprit et sa puissance, va «parasiter» le corps: ce seront nos maladies ainsi que le vieillissement qui est la perte de notre vitalité fondamentale et bien sûr la mort, la plus grave conséquence du péché adamique.
Dieu a créé le monde pour l’homme car, à travers la création, Dieu Se révèle à l’homme et celle-ci devient ainsi comme un sacrement (A. Schmemann).
Adam était celui qui louait le créateur et tournait la création vers le créateur; la création va elle aussi se séparer de ce faux maître qu’est devenu le l’homme et la création lui devient hostile, sauvage et la terre produira désormais des épines et des ronces (Gn 3, 18).
3- entre l’homme et les autres hommes.
Le péché va aussi trancher l’union intime entre Adam et Eve et chacun va se replier sur lui-même et ce repliement entraînera la séparation, la méfiance et l’hostilité entre les hommes.
Le sentiment de «nudité» évoqué dans la Genèse révèle la perte intérieure de la grâce divine.